Raphaëlle Penaud

La truite de Marcel

3 cabines de ville

1 nappe à pois

Voilà les titres farfelus de mes toiles en cours et quasi achevées.

Je bosse comme une douce siphonnée dans la tiédeur de mon atelier.

Nouvelle concubine avec qui je peux converser : une belle et grosse araignée, nichée dans mon sac en toile de jute, juste derrière mon dos!

Je reste enfermée là des heures, à travailler avec assiduité et zèle et à ruminer mes douces colères du moment!

C'est vrai, je me fais violence sur des injustices certaines, des rancoeurs animées, des gens irrespectueux, le boulot, le boulot, le boulot.....

Je me la joue ado incomprise et irascible qui jure que la vie c'est super moche et qu'a pas demandé à vivre ici-bas dans ce monde ingrat....!!!!!

Répercussion visible sur la toile mais qu'importe, je trouve ici mon échappatoire dans le secret (ou le défouloir) de mon atelier.

Je m'amuse des couleurs pastels et ça vire du noir au rose bonbon,

je rajoute à la pelle des traits biscornus, des images d'archives, des pois, des carrés, des poissons, des bateaux d'eau douce,

mes toiles sont obèses, prêtes à exploser....

Je rêve de la mer....signe ostentatoire d'un besoin de vacances salées.

Je travaille pour les galeries qui passent commandes: chat sur toit, succès majeur.

Alors, je dois sans cesse innover.

Je construis mon image sur la base perpétuelle du 3 (maisons), 2 (oiseaux), 1 (chat)

C'est clair ici : le moindre cm de ma table est envahi par mon matériel.

Cette promiscuité est source de réconfort, j'y plonge mon âme en apnée, refuge outrancier à souhait, je n'entends alors que les vagues....

Les nuances s'entrecroisent passant du mauve au bleu-vert,
du chaud au froid,
comme le sont mes états d'âme thermiques.
Et puis, je fume...beaucoup trop!!!